Né à Vierzon le 7 décembre1857, Lucien Deslinieres décède à Vernouillet le 8 novembre 1937. Sa famille s’est installé à Montluçon vers 1860. A seize ans, il se lance dans le journalisme. Il fonde à Montluçon son premier journal, « La Démocratie Bourbonnaise » de tendance républicaine modérée, qui prendra ensuite le nom de « Démocratie du Centre ».
Il se rallie au socialisme en 1892, et crée en mars 1892 un nouveau journal : « Le Petit Montluçonnais » portant la manchette « Journal Républicain, Socialiste » qui paraît jusqu’en janvier 1895.
La Compagnie Française des Machines à Coudre Avrial, dont il est le dirigeant et principal actionnaire, fait faillite en 1896 dans des conditions assez obscures. Il tente d’en faire porter la responsabilité sur certains de ses adversaires politiques.
Il part ensuite en Algérie, où il gère un important vignoble avec des techniques innovantes. L’étude approfondie qu’il fait de la situation économique de l’Algérie l’amène à constater que ce pays importait plus qu’il n’exportait, et bien que les matières premières y fussent disponibles, aucune structure industrielle n’était présente. Il préconisait que soit tenté un essai pratique du socialisme, après que le Parlement eut accordé à l’Algérie l’autonomie financière et administrative.
Il s’installe ensuite dans les Pyrénées Orientales, où il est à plusieurs reprises candidat malheureux à des élections.
Se ralliant à la Révolution bolchevique, il part pour Moscou au printemps 1920. Il est nommé directeur de l’enseignement agricole au Commissariat de l’instruction publique d’Ukraine. Il est envoyé ensuite au Turkestan pour y réorganiser l’industrie cotonnière. Mais il rentre en France très découragé.
A la fin de sa vie, il prône la thèse d’un socialisme reconstructeur opposé au marxisme et à ses méthodes.
Durant toute sa vie ce théoricien voulait systématiser et faire entrer sa pensée dans un cadre précis et rigoureux. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont :
- L’application du système collectiviste (1899)
- Projet de code socialiste (1908)
- Le Maroc socialiste (1912)
- Comment se réalisera le socialisme (1919)
- La France nord africaine (1920)
- Délivrons-nous du marxisme (1923)
- La production intensive (1923)
- Principes d’économie socialiste (1924)
- Dans l’ornière marxiste (1927)
- Une seule solution pour tous les problèmes humains (1936)
Comme son père, Jean Deslinières, né à Riom le 4 juillet 1820 et initié le 19 août 1841 par la loge « Paix et Union » de Moulins, Lucien s’engage dans la Franc-maçonnerie et y poursuit un parcours complexe, à l’image de celui de sa vie profane. Initié le 28 juillet 1884 dans la Loge parisienne « La Renaissance », il s’affilie le 9 novembre 1888 à la loge "Equerre" à Moulins dans laquelle il devient compagnon et accède à la maîtrise le 21 mars 1890. Cette même année il est élu Vénérable Maître de la Loge « Union et Solidarité » à Montluçonqui est installée le 3 août.
Condamné par le Tribunal Correctionnel de Montluçon dans l’affaire des machines à coudre, il est suspendu de ses droits maçonniques par sa loge le 20 février 1897 et réintégré en 1899 après que la Cour d’Appel eut infirmé le jugement de première instance.
Il est également membre fondateur de la loge « L'Action Socialiste » à Paris le 15 novembre 1901.