Le choix du nom de de la Loge «Les Enfants de Gergovie» n'a-t-il pas sa source dans le voyage mémorable que l'Empereur Napoléon III, l’Impératrice et leur suite accomplirent le 9 juillet 1862 à Clermont-Ferrand et plus particulièrement sur le plateau basaltique, l'oppidum celte du sud de la cité, consacré depuis ce jour «Gergovie».
Une lettre du Ministère de l'Intérieur fait foi de la création officielle de la Loge. En voici le texte :
«Monsieur le Préfet.
Monsieur le Grand-Maître de l'Ordre Maçonnique vient de m'informer, et je m'empresse de vous faire connaître, qu'il a accordé l'institution maçonnique à une nouvelle Loge créée à Clermont-Ferrand sous le titre distinctif de «Les Enfants de Gergovie».
Cette Loge ayant fixé son installation au dimanche 8 mars prochain, je vous prie de donner les ordres nécessaires pour qu'il ne soit apporté aucun empêchement à cette réunion, à moins que des motifs graves ne s'y opposent. Dans ce cas vous auriez soin de m'en référer d'urgence.
Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le Ministre de l'Intérieur .‧.
Pour le Ministre le Préfet de Police
chargé de la direction générale de la sûreté publique»
Voici les termes du procès-verbal de la Loge faisant foi de sa création, le 15 mars 1868.
«Nous soussignés, Martin Auguste, Mauret Louis, Delpeut Théodore, appartenant à la R.‧. L.‧. La Libre Pensée à l'Or.‧. d'Aurillac, tous commissaires nommés par le G.‧.Or.‧. de France, à l'effet d'installer à l'Or.‧. de Clermont-Ferrand, la R.‧. L.‧. «Les Enfants de Gergovie», après avoir accompli solennellement cette importante mission, en vertu des pouvoirs qui nous ont été conférés, nous avons ouvert les premiers travaux de cette R.‧. L.‧. .
Nous avons fait remise au Vén\ T.‧.C.‧.F‧. Fournier des Titres de Constitution accordés à la R.‧. L.‧. «Les Enfants de Gergovie» par le G.‧.0.‧. de France et du tout, dressé procès-verbal et signé la présente attestation.
Aussitôt après, l'At.‧. s'est réuni au premier âge sous la présidence du T.‧.C.‧..F‧. Fournier Casimir, vénérable. Ce dernier a fait ensuite hommage de la Présidence d'Honneur de cette tenue solennelle au T.‧.C.‧..F‧. Augustin Martin, commissaire installateur délégué du G.‧.Or.‧. et Vén\ en titre de la R.‧. L.‧. «Ia Libre Pensée d' Aurillac».
A cette première tenue assistaient :
-Vén.‧. en tête, une délégation de 5 membres de la R.‧. L.‧. «La Libre Pensée» d' Aurillac ;
-Vén.‧. en tête, la délégation de la R.‧. L.‧.«Les Écossais Roannais» Orient de Roanne;
-Annet Murent de l'ancienne et R.‧. L.‧. « La Parfaite Harmonie» Orient de Clermont ;
-François Bru de l'ancienne et R.‧. L.‧.la «Parfaite Harmonie et Feu Sacré» Or.‧. de Clermont ;
-Lamperrière M.‧. des «Amis Bienfaiteurs et d'Osiris», Or.‧. de Paris;
-Charlin Félix M.‧. à la «Persévérance» Or.‧. de Vienne (Isère ) ;
-L. Rocher, M.‧. aux «Amis Persévérants de l'Étoile», de Vesoul ;
-Duverger Antoine l'ex Or.‧. de «Les Amis de la Paix», Or.‧. de Périgueux.
Notons que le 20 décembre 1868, les Frères Maubert et Lavandier font don à l'Atelier d'un étendard mais la vie de la Loge ne semble guère active. Au début, la Franc-maçonnerie et la Loge se montrent méfiantes et restent dans l'expectative jusqu'en 1869, où lors d'une fête solsticiale, le Vénérable propose la première Santé d'obligation au chef de l'État, au Prince impérial et à l'Impératrice, enfin à la prospérité de la France.
Dans son Histoire de la Loge, le Frère Deveau retient les actions de solidarité en faveur des victimes des incendies de Constantinople, les protestations contre les massacres de Maçons à Cuba, en faveur d'un prix pour une école libre laïque créée par un Frère à Volvic.
Dans l'évolution générale de la Maçonnerie et de la Loge en particulier, on soulignera la date du 10 mai 1870, où le Frère Roy Orateur, s'élève avec force contre l'interdiction faite aux Frères de se livrer en Tenue à des discussions politiques. Il propose une modification de la Constitution en son article 2 : «Elle (la Loge) doit connaître de tout et ses assemblées doivent pouvoir discuter librement pourvu que ce soit dans de courtoises et sages limites, toute question religieuse, politique ou sociale quelconque, afin que de cette discussion jaillisse la Lumière».
Mais pendant cette période qui prélude aux atrocités de la guerre moderne, les Frères retrouvent leurs propres accents pour parler du pacifisme. Voici la planche datée du 21 juillet 1870 que la Loge, réunie en Tenue exceptionnelle, décide d'envoyer au GODF, à toutes les Loges de France ainsi qu'aux Loges du Rite Écossais, six jours après la déclaration de guerre à l'Allemagne du 15 juillet 1870.
«Il y a peu de jours, «Les Enfants de Gergovie» adressant adieu à l'un des leurs FF.‧., le V.‧. prononçait ces simples paroles :
Que cette branche d’acacia que je laisse tomber sur la tombe d'un honnête homme, soit le gage de l'union et de l'amitié de tous les peuples. Cette pensée qui est le but vers lequel nous marchons tous et qui en est la plus pure expression vient d'être, sinon brisée, car elle ne peut jamais périr, mais retardée pour longtemps par les événements qui vont s'accomplir. Si cette fraternité qui nous unit et nous oblige vis-à-vis de tous les hommes vient d'être blessée, c'est à la Maçonnerie à la relever en se mettant au-dessus de toutes les questions politiques, en s'élevant au suprême degré de ses principes. Il ne suffit pas d'appeler les hommes, nos frères, nous devons le prouver énergiquement par des actes. C'est le cœur plein de cette idée que la Loge soumet au Grand Orient de France et à toutes les Loges la motion suivante : Que la Maçonnerie française étendant ses bras au-dessus des champs de bataille, demande à toutes les Loges de l'Allemagne et de la France de resserrer plus que jamais notre chaîne d'union en leur envoyant un baiser fraternel ».
«L'amour de la Patrie est dans le cœur de tous les Français, mais l'amour de l'humanité doit y avoir aussi sa place»‧