La tourmente passée, «Les Enfants de Gergovie» reprennent leurs travaux et c'est le 5 janvier 1919 qu'un Frère de l'Atelier, après avoir adressé à ses Frères disparus ou meurtris un émouvant hommage, formule ce souhait: «..Je vous demande de déclarer qu'il faut courageusement,virilement faire face à l'avenir. De l'autre côté des mers, un homme d’État a posé les bases d'une société nouvelle. En vérité, il n'a fait qu'appliquer les principes mêmes des institutions maçonniques. C'est parce que, pendant des siècles, des Maçons ont travaillé au mépris de toutes les persécutions dont ils ont été l'objet, qu' aujourd'hui nous pouvons parler de la paix par le droit, de la Société des Nations, de la réorganisation politique et sociale du monde sur des bases de justice ….Bafoués dans nos pactes d'Union Sacrée que seuls, nous avons respectés, découragés parfois par ceux qui devaient nous guider, diminués par la perte des meilleurs des nôtres...».
Il nous montre le chemin difficile semé d'embûches qui mène à la Lumière, vers ce Temple qui ne cesse de se construire ; chemin de nuit sur lequel les Maçons se relaient en Chaîne d'union en avançant un peu plus chaque fois.
C'est sur ce véritable testament maçonnique, lucide et courageux, pas fardé d'optimisme, que vont tenter de travailler les Frères pendant l'entre-deux guerres mondiales.
Mais l'Atelier a aussi d'autres préoccupations : une société civile provisoire vient d'être formée et a acheté un terrain ; il faut la rendre officielle pour lui permettre de nommer un conseil définitif et de faire un emprunt, dans le but de mener à bien la construction d'un nouveau Temple. Ce qui est fait ; les Frères Biennier (président), Lavaladas, Scanvic en sont les premiers administrateurs.
Le 17 juin 1921, un Chapitre souché sur la Loge «Les Enfants de Gergovie», est installé dans le Temple au 26 de la place Sidoine Apollinaire par le Frère Jean-Baptiste Marrou, 32ème, qui en devient le Très Sage .
Depuis plusieurs mois la Loge participait à la création d’un Atelier à Thiers ; en 1923 la Loge «Justice» est installée dans la cité coutelière.
Le 19 juillet 1924, à la demande de neuf Frères de la Loge, le GODF accorde une patente constitutionnelle au Rite Écossais pour la constitution d'un Conseil Philosophique qui est installé par le Frère Provandier, membre du Conseil de l'Ordre.
Après 1924, quatre membres de la Loge sont députés, dont un vice-président de la Chambre. Un est sénateur : Marrou, maire de Ceyrat. Le Frère Andraud, de la Loge d'lssoire est Sous-secrétaire d’État à l'Aviation. Passons sous silence les conseillers généraux et municipaux : ils sont en si grand nombre qu'il serait fastidieux d'en donner les noms.
La Franc-maçonnerie donne donc son patronage spirituel au mouvement, laissant les Frères libres de leur action à la condition que celle-ci aille dans le sens de l'esprit maçonnique, pour mener cette contre-offensive réclamée par le Frère Antonelu lors du Convent de 1933.
A la lumière de la crise de Wall-Street, dont les ondes ont gagné l'Europe, les masques de la société française se révèlent ; les antagonismes sociaux exacerbés vont se heurter avec violence.
En 1932, l'effectif de la Loge atteignait 230 membres et le nouveau Temple de la rue Couthon était construit. Il fut inauguré le 3 juin 1933 par le Vénérable Pérol, membre du Conseil de l'Ordre du GODF.