La société française est en crise aiguë, chacune de ses classes bloquée dans ses rêves réciproques; elle frôle la guerre civile.
Nous ne pouvons passer sous silence ce qu'on appelle «l'Affaire Gondart», (alors Maire de Clermont), à propos de la Procession de Notre-Dame du Port. Mais nous n'insisterons pas sur ce point délicat qui provoqua en Loge de bien pénibles et difficiles débats. En ce mois de juillet 1933, le défi clérical maintiendra pendant longtemps un climat aussi orageux que moyenâgeux.
A la Tenue du 19 février 1934, il est fait allusion à la journée du 6 Février. Après avoir pris connaissance d'une Planche commune des deux Obédiences, GODF et GLDF, invitant les Francs-maçons à la modération et à la prudence, l'Atelier décide l'envoi d'un télégramme de félicitations aux Frères Frot, député, et Bartly, colonel de la Garde Républicaine, pour leur courageuse attitude lors des événements de cette dure journée. On parle aussi de l'Affaire Stavisky. En effet le GODF proteste contre la presse réactionnaire, car ni Stavisky, ni Garat, ni Dubarry, ni Prince n'ont jamais été Franc-maçons.
La Tenue du 4 mars 1934 traduit la tension qui règne en France et dans la Maçonnerie en particulier. Deux Loges parisiennes adressent un appel pour demander la réunion immédiate d'un Convent extraordinaire afin d'éclaircir la situation de la Maçonnerie face aux événements, et pour défendre l'Ordre et la République. Un long débat s'engage. De toute façons, il faut pouvoir être en contact direct avec les autres Loges et aussi avec le GODF. On décide donc d'installer le téléphone et de renforcer la porte d'entrée du Temple, jugée trop fragile. Le 8 mars et le 11 mai 1934, on reparle de l'affaire Stavisky, le scandale du moment, qui veut salir la Maçonnerie.
Le GODF informe les Ateliers que les Frères compromis dans cette affaire sont exclus. Ce que le Conseiller de l’Ordre Gaston Martin confirme devant les Frères Camille Chautemps, William Bertrand, Jammy Schmidt, assis à l'Orient, en exposant les actes de la Commission «Stavisky» dont il était le Procureur au GODF. Une justice rigoureuse fut appliquée aux Frères impliqués.
Juin 1936 devrait ouvrir la voie pour la révolution et en même temps une ère nouvelle de prospérité, de paix et de liberté. En réalité nous assistons à «la Bataille de la Marne du Patronat», à la fuite des capitaux, au freinage de la production par les patrons et aussi au regroupement en partis d'une droite résolument réactionnaire autour du Colonel de la Roque ou de Jacques Doriot ; nous assistons à ce mystérieux événement de la «Cagoule»...
La conscience des Frères en souffre, et s'ils sentent bien la peur du bolchevisme, ils craignent aussi la «Ligue anti-judéo-maçonnique» de Mgr. Jouin. La gauche cependant reste fidèle à son pacifisme, attachée à la Société des Nations et aux principes de Sécurité collective. Mais dès que le fascisme menace, les retournements de positions pacifistes face à la fermentation belliqueuse de l'Europe sont multiples.
Le 5 octobre 1938 l'Atelier vote une motion pour l'organisation de la paix. La guerre frôle l'Europe.
A la Tenue du 18 décembre 1938, le Frère Seneze, donnait ses impressions d'un voyage récent en Allemagne ; impressions pessimistes. On en retiendra cette image : «l'Allemagne par la politique de prestige de Adolf Hitler peut conduire l'Europe aux pires extrémités..».
Mais le Frère Fleury revenant lui aussi d'un voyage outre-Rhin ne veut pas croire à un coup de force. «Le peuple allemand est malheureux et tyrannisé par 200.000 nazis».
Dans la Loge, la bonne fraternité règne sur les Colonnes et nulle discorde ne vint ternir les débats à cette époque.
La seule riposte profane, et pourtant on était au zénith du Front Populaire, vint du journal catholique La Croix, qui sous un aspect humoristique stigmatisait la «Belle Martiniquaise» (le Temple de la rue Couthon ainsi nommé à cause de sa belle couleur marron), en affirmant «qu'il y pleut à l'intérieur et que nous n'y sommes pas à couvert.... qu'elle porte une belle plaque due au Maître Hochard, le Frère Hospitalier», au fond rien de bien méchant. Hélas, il n'y eut pas de suite à cette anodine polémique car ce fut le calme qui précède la tempête.
Des scandales sont amplifiés par une certaine presse qui, pour salir la Franc-maçonnerie mêla le GODF à la plupart des troubles internationaux. Ceci n’entraîna jamais ni la discorde, ni des démissions de Frères. La bonne humeur du Vénérable Descamps fit le reste et permit de conserver le sang-froid jusqu'à l'arrivée des Allemands.
Du début de la guerre en septembre 1939, à l'Armistice du 25 juin 1940, l'activité de la Loge «Les Enfants de Gergovie» fut très réduite, en raison d'une grande proportion de Frères mobilisés, prisonniers ou disparus, ou blessés.
A la Tenue du 2 mars 1940, le Frère Provandier explique à l'Atelier la sage lenteur des organismes supérieurs et les raisons des trop longues relations sans doute, entre Paris et la Province. La situation est perturbée par les nombreuses absences, mais une initiation a lieu en avril 1940. Et la Loge clôt sa dernière Tenue le 5 mai 1940.