A ses débuts la Loge "La Cosmopolite" se réunissait au domicile du Frère Bouchacourt, rue Porte de France dans le vieux Vichy. Puis en 1870/1871, chez le Frère Rispal, rue du Coq à Cusset (actuellement Rue Gambetta). En août 1871, elle revenait à Vichy, rue du Gros-Chêne (actuellement Place Lasteyras), d'où elle émigra avenue Victoria dans l'ancienne chapelle d'une congrégation pseudo-religieuse qui défraya la chronique vichyssoise; dont voici l'histoire rapportée par A. Mallat dans «Vichy à travers les âges».
C'est ainsi qu'en 1874, écrit Mallat « une bande de soidisant Célestins-Camaldules, en froc d'une éblouissante blancheur, en réalité des prêtres interdits vinrent s'installer à Vichy dans l'hôtel Maussant, rue de Ballore (actuellement rue Jean Jaurès) qu'ils avaient acheté tout meublé ainsi que l'hôtel de Madrid ». Le 6 Février 1875, l'Evêque de Moulins dont la bonne foi avait été certainement surprise, bénissait leur chapelle qui se trouvait 55 Avenue Victoria (actuellement le 21 suite à un réaménagement de la numérotation). Puis, ils dînaient avec le maire de Vichy, des dirigeants de la Compagnie Fermière et une cinquantaine de notables Vichyssois. Les Célestins-Camaldules disaient magnifiquement la messe et les offices. Ils confessaient, prêchaient et chantaient de leur mieux. Leur succès à Vichy et Cusset où ils rayonnaient fut immense. Entre temps, ils buvaient et mangeaient à satiété et leur supérieur, le Père Aurélien, était un orateur distingué et un bon vivant par excellence. Ils vécurent ainsi jusqu'en 1877, époque à laquelle cette aventure religieuse se termina par un énorme éclat de rire. Ils avaient fait venir des filles qu'ils avaient logées près de leur chapelle, dans l'hôtel de Madrid au coin de l'avenue Victoria et de la rue Ballore (le bâtiment dont la Loge actuelle est mitoyenne par la cour). Et ils eurent l'audace de demander une autorisation administrative pour réunir leur couvent à cette maison de femmes par un passage souterrain. Cela les fit mieux connaître et ce fut leur fin. Ils partirent, secrètement un beau matin, après avoir fait un grand nombre de dupes qui avaient eu confiance en eux! Par la suite, l'un d'eux se maria et créa ici, avec quel concours ? l'hôtel des Lilas et une autre chapelle qui exista, dans cet hôtel, pendant un certain temps et qui fut administrée, avec un certain succès, par l'abbé Guyot.
L'ordre Camaldule est un ordre religieux fondé par Romuald de Ravenne (saint Romuald) en 1012 à Camaldoli, dans la haute vallée de l'Arno en Toscane (Italie), sous la règle de saint Benoît. Les moines camaldules allient la vie commune de travail et de l'office bénédictin à l'érémitisme. Ils portent l'habit blanc et la barbe pleine et chaussés de sandales. Ces moines, vinrent en 1626 s'établir en France, où ils fondèrent six maisons. La plus ancienne était celle du Val-Jésus en Forez.
Le local étant libre, le propriétaire qui était la Compagnie Fermière de Vichy voulut bien le louer à la loge maçonnique de Vichy et cela jusqu'en 1920.
Extrait de l'acte notarié présentant quelques points intéressants sur l'origine de la propriété:
Pardevant Me Henry Lacoste, notaire à Cusset (Allier) soussigné et Me Huguet, notaire en la même ville aussi soussigné, a comparu M. Théodore Guerrin, Directeur technique de la Compagnie Fermière de Vichy, demeurant à Paris, 24, Boulevard des Capucines, agissant au nom et comme mandataire de M. Georges Baugnies demeurant à Paris, Boulevard des Capucines, lequel es-qualité en obligeant la Compagnie Fermière de l'Etablissement thermal de Vichy, aux garanties ordinaires et de droit a par ces présentes vendus : à la Société Civile Immobilière "La Cosmopolite de Vichy" ayant son siège social à Vichy, avenue Victoria n° 55, constitué au capital de vingt cinq mille francs suivant acte reçu par Me Lacoste, notaire soussigné le trente octobre mil neuf cent vingt, entre:
M.M. Alphonse Allier, entrepreneur demeurant à Vichy rue Sarailler, Claudius Baud chef d'entreprise, demeurant à Cusset, rue du Jolan Brulé, François Dorsemaine négociant demeurant à Vichy rue de Paris, Paul Levy, industriel demeurant à Vichy place de la République, Paul Patrice, pharmacien demeurant à Vichy rue Jean Jaurès, Gaspard Rougier, horloger demeurant à Vichy, rue Belin, Gaspard Thevenet employé, demeurant à Vichy rue Moinet Fayard, Claudius Dupuy, négociant en vins, demeurant à Vichy rue Givois, Edmond Armand, restaurateur demeurant à Vichy, 51, Boulevard Carnot, Georges Coladaire demeurant à Vichy route de Cusset n°3 et Jean Burlot, instituteur demeurant à Bellerive, Boulevard de Russie. Ce accepté par M. Paul Patrice pharmacien demeurant à Vichy, délégué expressément à l'effet des présentes aux termes de l'acte constitutif de société sus-énoncée.
Désignation :
Un immeuble situé à Vichy, avenue Victoria numéro 55 comprenant rez-de-chaussée et cour sur le côté, le tout d'une contenance de deux cents mètres carrés environ limité d'un côté en façade par l'avenue Victoria, d'un autre par le surplus de la propriété restant appartenir à la Compagnie venderesse, d'une autre par Perrillyoge Ma et du dernier côté par Blanchonnet. Origine de propriété : L'immeuble présentement vendu appartient à la Compagnie Fermière de l’Établissement thermal de Vichy venderesse et fait partie d'un ensemble de bâtiments et dépendances connu autrefois sous le nom d'"Hôtel de Madrid" Suivant contrat passé devant Me Monvoisin et l'un de ses collègues le dix novembre mil huit cent soixante quatorze; M. Callou père, M. et Mme Denière et M et Mme Jourdain, ont vendu à M. Hippolyte Bonnard, en religion Don-Florent de l’ordre des Célestins-Camaldules et à M. Pierre Macherceau, en religion Don-Robert également de l'ordre des Célestins-Camaldules demeurant tous deux à Vichy, les immeubles faisant l'objet de la vente. Mais MM. Bonnard et Macherceau n'ayant pu remplir les engagements dont ils étaient tenus, il est intervenu un jugement du tribunal civil de Cusset qui a restitué aux héritiers Callou tous les immeubles par eux vendu à MM. Bonnard et Macherceau M. George Baugnies agissant en qualité d'administrateur délégué de la Compagnie Fermière donne pouvoir en son nom à M. Théodore Guerrin de vendre à la Loge maçonnique de Vichy un immeuble situé à Vichy avenue Victoria n °55, moyennant quinze mille francs et sous les conditions que le mandataire jugera convenables.
Prix:
En outre la présente vente est consentie et acceptée moyennant le prix principal de quinze mille francs que M. Patrice oblige la société acquéreur à payer à la Compagnie venderesse dans un délai de six années et d'annuités de deux mille cinq cent francs chacun pour le paiement de la première annuité être effectué le vingt-huit décembre mil neuf cent vingt et un.
La Loge crée, en 1920, une Société Civile Immobilière au capital de 25000 Francs détenu par 11 actionnaires se répartissant 250 actions de 100 F, qui achète, le 30 octobre 1920, à la Compagnie fermière de Vichy, ces locaux pour la somme de 15000 F payable en 6 annuités de 2500 F auxquelles il y avait lieu d'ajouter les intérêts des sommes restant dues au taux de 4%. Parallèlement il est procédé à 3 augmentations successives de capital : 15000 F en 1924, 10000 F en 1929, 22000 F en 1931 portant ainsi le fond social à 72000 F par 720 actions de 100 F, nominatives et transférables.
A l'automne 1940 l’immeuble est réquisitionné pour servir de casernement au groupe de protection du Maréchal Pétain ; par la suite il devient casernement militaire ; une fresque, style image d'Epinal, garnissait l'occident du temple et représentait la Marseillaise en allégorie.
La loge a repris ses travaux en juillet 1945, et comme dans de très nombreuses Loges dans des conditions difficiles, car mobiliers et décors du temple avaient tous disparus.