D’après Georges ROUGERON in Études bourbonnaises
Les autorités de la monarchie restaurée tenaient en suspicion la Franc-maçonnerie dont les liens avec l’Empire avaient été évidents. Le petit groupe de moulinois qui songeait à faire revivre l’esprit maçonnique imagina se placer sous les auspices de l’obédience pratiquant le rite de Misraïm dont le caractère apparemment moins engagé dans la société semblait le rendre davantage acceptable par les tenant du nouveau courant politique.
Gilbert Donjan, négociant en quincaillerie, Vénérable de la Loge provisoire présente, en juin 1822, un dossier d’agrément au préfet de l’Allier pour la création d’une Loge qui prenait le nom de la déesse égyptienne Isis. Le directeur général de la police, saisi par le préfet au sujet de cette demande, répond le 28 août 1822 : « de graves motifs s’opposent à ce que le Gouvernement autorise l’ouverture de cette loge… les personnes qui ont la direction suprême de l’association offrant peu de garanties, les unes sous le rapport de la moralité, les autres sur celui des principes politiques ; et il résulte des informations prises dans plusieurs départements où elle a déjà été formée, des affirmations qu’elle a une tendance révolutionnaire ».
Il demande en outre des précisions touchant les fondateurs et leurs antécédents. Bien qu’aucun des fondateurs, en raison de leur âge, ne pouvait avoir des antécédents révolutionnaires, le directeur général de la police, dans le cadre d’une opération sur l’ensemble du territoire, invite le préfet, le 12 septembre 1822, à faire perquisitionner chez Donjan, afin de saisir tous les papiers et remettre ceux-ci au procureur du Roi.
Il n’apparaît point qu’il y ait eu de suite judiciaire et la Loge « D’Isis » continue d’exister et s’enrichit de deux Maçons parisiens originaires de Moulins et venant s’installer dans cette ville pour des raisons professionnelles ; il s’agit de deux Frères de la Loge parisienne « Les Douze Tribus » : le Vénérable de cette Loge, Marc Bédarride, et Jacques Dutremblay, architecte. Aucun document nous permet de connaître les activités de cette Loge, à l’exception de l’ acte du 12 juillet 1826 confirmant l’accession de Jacques Dutremblay au grade d’ « Inquisiteur Commandeur de la 3ème série en la vallée de Moulins ».