De la création de la Loge jusqu’au sommeil de 1841
Au cours de la réunion du 9 février 1835, les Frères présents créent la Loge de Saint Jean « Paix et Union » et désignent le Frères Donjan-Bernachez en qualité de Vénérable de cette Loge provisoire. La demande de Constitutions, datée du 23 décembre 1835, est enregistrée le 24 mars 1836 par le Grand Orient de France. L’autorisation préfectorale est accordée le 27 mai. Le 15 juillet 1836 le Frère Donjan-Bernachez , délégué par le Conseil de l’Ordre, procède à l’installation de la Loge « Paix et Union ». Elle décide de s’affilier à la Loge « Mars et Union », non encore disparue ; cette dernière recevait fréquemment les fondateurs de la nouvelle Loge qui résidaient tous à Moulins et dont les noms suivent :
Brunel Jean-François, chef de bureau à la préfecture ;
Chomet Marie-Joseph, pharmacien ;
Donjan-Bernachez Gilbert, négociant en quincaillerie ;
Drecq Pierre, docteur en médecine ;
Dutremblay Jacques, architecte ;
Papon de Lameignié André, juge au tribunal de première instance.
Donjan-Bernachez était devenue une personnalité en vue : commerçant notable, juge au tribunal de commerce, major de la garde nationale, il représentait le type de la bourgeoisie moyenne , heureuse d’être considérée, sensible aux misères des classes inférieures et attachée aux institutions de Juillet.
Avant l’ouverture de la Loge, dans le courant de 1835, des Francs-maçons moulinois avaient mené une action d’éclat en forçant l’église de Bressole afin d’y célébrer les obsèques d’un ancien officier, Claude Labbaye, mécréant notoire et auquel le curé avait refusé l’assistance religieuse. La veuve s’était adressée à un Franc-maçon qui alerta ses Frères qu’on put voir, revêtus de leurs insignes, conduire le défunt au sanctuaire pour, eux-mêmes, chanter le « libera me » à la place du prêtre!
L’effectif de la Loge était à l'origine de 44 membres. Elle fonctionnait avec un rythme de deux tenues par mois. Deux banquets annuels, à la Saint Jean d'hiver et à la Saint Jean d'été, réchauffaient la convivialité sous le signe de la bonne humeur.
Le montant des contributions était 70 francs pour la réception d'un Apprenti, 20 francs pour celle d'un Compagnon, 30 francs pour celle d'un Maître, assorti ensuite de la cotisation de 10 francs pour le premier grade, 15 francs pour le deuxième, 20 francs pour le troisième, Ces montants s'adressaient à des membres d’un niveau social de bonne aisance quand le salaire moyen journalier était de 2 francs.
Un nouveau registre des travaux est ouvert en 1836. Le premier compte-rendu est celui de la tenue extraordinaire du 30 novembre 1838 qui est consacré à l'électiondu collège des officiers suivant:
Vénérable, Drecq;
Premier Surveillant, Lesfilles;
Deuxième Surveillant, Fonfrède;
Orateur, Bruny;
Secrétaire, Chauvot;
Grand Expert, Jobard;
Trésorier, Gaillard;
Hospitalier, Blondin;
Maître des Cérémonies, De Jolivette;
Garde des Sceaux, Chomet;
Député auprès du Grand Orient de France, Holiesne.
Selon la presse de l’époque, cette Loge regroupait, en 1836, « les noms les plus huppés de l’aristocratie bourbonnaise ». Elle se préoccupait de problèmes de société. Ainsi, en octobre 1840, la recherche de moyens pour mettre un terme à la mendicité était à l’ordre du jour.
En crise pour des raisons mal élucidées, courant 1841, l’Atelier est déserté par un nombre de Frères relativement conséquent. A la fin de la tenue du 22 septembre 1841, la quasi totalité des officiers, y compris le Vénérable, donnent leur démission. La réélection d'un collège est renvoyée à la réunion suivante qui se tient le 22 octobre, au cours de laquelle sur 15 votants, le Vénérable Donjan-Bernachez obtient dix voix; les deux Surveillants obtiennent respectivement huit et neuf voix; les autres officiers, parmi lesquels on retrouve presque tous ceux qui avaient démissionné, obtiennent un nombre de voix compris entre douze et quatorze voix. Le registre étant muet jusqu'à la tenue du 14 avril 1845, la Loge s'était vraisemblablement mise en sommeil.