D'après Gilles Lévy
Depuis plusieurs mois, il existe, dans l’aristocratie sanfloraine, une Loge maçonnique. Le 20 juin 1781, ces Frères décident de régulariser leurs Travaux et adressent une demande de Constitutions symboliques au Grand Orient de France. Ils donnent tout pouvoir au Frère Claude Chevalier, Premier Surveillant de la Loge « L’Etoile Polaire » de Paris pour les représenter auprès du Grand Orient de France.
Le 21 juin 1781 la Loge « Saint-Julien » de Brioude, en sa qualité de Loge voisine de Saint-Flour, écrit au Grand Orient de France pour attester que les Frères de Saint-Flour sont doués des qualités nécessaires et requises pour composer de bons et vrais Maçons et pour donner son consentement à ce que les 22 Frères inscrits sur le tableau de la Loge obtiennent du Grand Orient de France les Constitutions pour la création d’une Loge régulière.
Le 23 août 1781 le Grand Orient de France décide d’accorder des Constitutions symboliques à la Loge de Saint-Flour et, après avoir choisi le titre distinctif de « Saint-Jean de Sully », décrète que l’installation de cette Loge incombe à la Loge «Saint-Julien» de Brioude.
L’installation a lieu le 10 avril 1782 à Saint-Flour par les Frères de la Loge « Saint-Julien » de Brioude, sous le signe distinctif de Loge « Saint-Jean de Sully ». Les fondateurs étaient au nombre de 22 Frères avec, comme Vénérable, le Frère Muret, assisté des Frères Sauvat et de Brugier, Premier et Second Surveillants. Le tableau du 18 mai 1782 comporte 29 membres.
Le 15 décembre 1782, les Frères de la Loge décident de s’affilier à la Loge « Saint-Alexandre d’Ecosse et Contrat Social Réunis », Mère Loge du Rite Écossais Philosophique en France. Le 15 février 1783 le Souverain Chapitre de la Mère Loge du Rite Écossais Philosophique lui accorde l’affiliation et le Frère Laurent Deleutre communique cette décision à la Loge le 12 mars 1783. Il est probable que cette affiliation n’ait pour effet que de permettre à la Loge de pratiquer le Rite Écossais Philosophique, sans remettre en question les liens qui l’unissent au Grand Orient de France.
Le 24 juin 1783 le tableau transmis au Grand Orient de France comporte 31 membres. Celui du 24 juin 1784 et du 24 juin 1785, 34 membres. Celui du 24 juin 1786, 29 membres. Celui du 24 juin 1787, 32 membres, dont le Marquis de La Fayette, membre affilié. Celui du 24 juin 1788, 35 membres. Celui du 24 juin 1789, 34 membres.
De 1783 à 1790, la Loge « Saint-Jean de Sully » adresse tous les ans au Grand Orient de France le tableau des Frères composant la Loge, verse régulièrement le don gratuit et reste en contact épistolaire avec cette obédience.
Le 26 mars 1786 la Loge change de député et nomme le Frère Pierre Patry, Vénérable de la Loge « Caroline Louise, Reine de Naples » de Paris, pour la représenter auprès du Grand Orient de France.
Le 4 novembre 1787, les Frères ont chanté, en l’honneur du frère La Fayette, ces deux couplets :
« Tel parmi nous paraît
« L’illustre Lafayette
« Qui fait de ce banquet
« L’ornement et la fête
« Par ses nobles exploits
« Sans fin cités dans les deux hémisphères
« Il a su se donner, sans choix
« Tous les humains pour Frères »
« En lui, grand vainqueur
« Admirons le courage
« D’un pacificateur
« L’esprit prudent et sage
« Ah ! que pour le bonheur
« Et la gloire à jamais de la patrie
« Il vive…. autant que pour l’honneur de la maçonnerie…. »
Après quoi la Loge a changé de député et a nommé le Frère Boisneuf de Chennevières de la Loge « Vraie et Parfaite Amitié » de Paris pour la représenter auprès du Grand Orient de France.
Le 27 mars 1790 le courrier du Secrétaire indique que le versement du don gratuit de 60 livres pour les années 1787 et 1788 ne semble pas être parvenu au Grand Orient de France et il s’engage à ce que celui des années 1789 et 1790 parvienne dans le courant de l’année.
Le 31 juillet 1790 le Secrétaire, le Frère Sardine, transmet le tableau de l’année 1789 et une traite de la somme de 60 livres correspondant au don gratuit pour les années 1787 et 1788. Il précise que, dans le courant de l’année, il adressera le tableau de l’année 1790, ainsi que le don gratuit pour les années 1789 et 1790 dont la Loge est redevable.