Extrait du PV de la tenue du 15 février 1873 de la Loge
« Les Enfants de Gergovie » de Clermont-Ferrand
Affiliation de la Loge au Suprême Conseil de France
     Le 6 avril 1872 les adhérents de la Loge « La Libre Pensée » , toujours en sommeil (irrégulier selon les instances du Grand Orient de France) avaient sollicité sa constitution au rite écossais ancien et accepté. Par décision du 28 décembre 1872, le Suprême Conseil de France la lui accorde et  elle devient la Loge Saint-Jean d’Écosse sous le titre distinctif de « La Libre Pensée ». Ses jours de tenue sont fixés les premier et troisième samedis du mois. Les 15 Frères fondateurs sont tous membres de l’ancien atelier du Grand Orient de France.
     Le 2 mars 1873 la Loge est installée en présence de Frères des Loges « Les Amis de la Vérité » de Lyon et « Les Enfants de Gergovie » de Clermont-Ferrand. Le Frère Auguste Martin est désigné comme Vénérable.
     Le 2 décembre 1873 le Suprême Conseil prend un décret qui rend obligatoire, en tête de toutes ses pièces maçonniques, la formule « A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, au nom et sous les auspices du Suprême Conseil pour la France et ses dépendances, Liberté, Égalité, Fraternité ».
     Après la circulaire adressée aux préfets le 14 février 1874 par le Duc de Broglie, Président du Conseil, demandant de surveiller avec soin les Loges maçonniques et de dissoudre celles qui ne se conformeraient pas à leurs instructions, la Loge « La Libre Pensée » ne semble pas inquiétée. Le 5 décembre 1874 le Frère auguste Martin est réélu Vénérable pour la neuvième fois. A cette occasion et le lendemain lors de la fête solsticiale, il prononce des discours rappelant les valeurs de la Franc-Maçonnerie et les attaques dont elle doit se défendre ; il conclut ainsi son discours : «... Permettez-moi , en finissant, de faire encore appel à l’union, à la discipline, à la confiance ; vous avez vu naguère un de leurs effets admirables. Persévérons dans cette voie. A nos adversaires qui ont traversé le siècle sans le comprendre, le culte du passé, l’appel incessant aux vieilles doctrines. A eux les mystiques extases devant cette Rome papale où les ruines seules sont grandes. A nous les sacrifices, l’amour de la Justice et de la Vérité... ».
     Mais peu de temps après, le 21 janvier 1875, la direction générale de la sûreté publique du Ministère de l’Intérieur fait parvenir au Président du Conseil la plainte suivante contre « La Libre Pensée » : « Il est de notoriété publique, dans le département, que ce serait la Loge qui a pris la direction des dernières élections municipales. Ce serait elle qui aurait notamment fait imprimer et distribuer la liste des candidats…….Je n’ai pas voulu, bien que j’en fusse vivement sollicité, prendre des mesures de rigueur contre ce groupe maçonnique avant d’avoir porté ces faits à votre connaissance... ». Le 6 février, le Suprême Conseil propose une enquête.
     Le 31 décembre 1875 l’effectif de la Loge est de 45 membres dont 10 nouveaux. En 1876 l’élection des officiers de la Loge est laborieuse. Le Frère Pierre Casse, négociant, élu Vénérable, démissionne immédiatement ; mais après bien des discussions, il accepte finalement ce poste.
     L’approche des élections d’octobre 1877 surexcite le zèle des préfets . Par arrêté préfectorale du 7 août 1877, le vicomte Poli, préfet du Cantal,dissout « La Libre Pensée » sous prétexte « que la Loge s’était écarté du but philanthropique de son institution pour se livrer à des agissements de caractère politique ». Réélu Vénérable, le Frère Martin proteste contre l’arrêté du préfet sans résultat. Il écrit le 19 novembre au Suprême Conseil pour signaler que l’immeuble dans lequel la Loge est locataire vient d’être acquis secrètement pour en faire un cercle catholique, obligeant la Loge à chercher un autre local. Nommé le 30 décembre1877 préfet du Cantal, Alphonse Pinel annule, le 9 janvier 1878 l’arrêté de son prédécesseur et autorise la réouverture de « La Libre Pensée ».
     Le 17 octobre 1879, le Frère Auguste Martin, Vénérable,de la Loge décéde, âgé seulement de quarante-sept ans ; ses obsèques civiles ont lieu le 19. Le Frère Pierre Casse est élu Vénérable.
     La Loge signale la demande d’affiliation du Frère Albert Chaptal, conseiller à la préfecture du Cantal, et sollicite une dispense afin de lui confier le Vénéralat. Il occupera ce poste dès 1880.
     En 1881 le tableau de la Loge comporte 46 membres et, en 1882, 44 membres.
     La Loge étudia les questions suivantes en 1883 :
- Devoir de la société envers l’enfance ;
- La solidarité sociale ;
- Des sociétés coopératives alimentaires ;
- Projet d’un orphelinat national.
     En 1884 elle étudia :
- De l’internat dans l’éducation d’une République démocratique ;
- La Franc-maçonnerie, ce qu’elle était, ce qu’elle est, ce qu’elle doit être ;
- La protection des indigènes des colonies ;
- De l’éducation civique et militaire.
     Le tableau du 25 juin 1890 fait état de 54 membres et celui du 27 janvier 1891 comporte 61 membres. Les officiers sont : Louis Chiche, Vénérable, Louis Toresse et Jean-Baptiste Lespirats, Premier et Second Surveillants, François Gamel, Orateur, Gustave Aubrun, Secrétaire, et Henri Michel, Garde des sceaux et du timbre.
     Les officiers élus le 5 novembre 1892 pour l’exercice 1893 sont : Louis Chièze, Vénérable, Benoît George et Lucien Baudel, Premier et Second Surveillants, François Gamel, Orateur, Antoine Caranobe, Secrétaire, Jean-Baptiste Lespirats, Trésorier, et Henri Michel, Garde des sceaux et du timbre.
     Le 1er mai 1894, la Loge adresse une circulaire imprimée en faveur de la séparation de l’Église et de l’État et demande « la destruction totale des congrégations religieuses ».   En août de la même année, une délégation de la Loge « La Libre Pensée » assiste aux obsèques civiles du Frère Félix Grelot, qui avait été préfet du Cantal du 22 mars 1889 au 21 décembre 1891.
     Le tableau du 14 mars 1896 fait état d’un effectif considérablement réduit ; il ne comporte plus que 17 membres. Pour l’année 1897 le Vénérable élu est le Frère Louis Toresse ; le Frère Louis Chièze, habitant Paris devient le représentant de la Loge auprès du Suprême Conseil. L’effectif est de 20 membres. Au 31 décembre 1898 le tableau fait état d’un effectif de 17 membres. En décembre 1900 le Frère Louis Chièze est élu Vénérable ; la Loge comporte 20 membres.
     L’année 1901 est riche en rebondissements. Elle commence par l’élection du Frère Jean-Baptiste Quillon, entrepreneur, en qualité de Vénérable et du Frère Limousin, publiciste, habitant Paris, pour représenter la Loge auprès du Suprême Conseil. Le 17 avril, un rapport est adressé par « La Libre Pensée » au Grand Maître de la Grande Loge de France qui signale que le Vénérable aurait demandé la mise en sommeil de la Loge. Le 2 mai, le Vénérable Quillon écrit au Grand Maître pour lui signaler que la Loge ne peut fonctionner en raison de l’absentéisme. Le 26 juin, le Frère Jean-Baptiste Valet est élu Vénérable et le Frère Léon Pélissier, Premier Surveillant. Le 19 août, le Frère Émile Martin, probablement chargé de mission par le Conseil fédéral de la Grande Loge de France , met en garde le Grand Maître Bonnardot sur « La Libre Pensée » et lui conseille de renoncer à la visite envisagée de la Loge. Le 25 novembre, le Frère Léon Pélissier est élu Vénérable ; la Loge compte 26 membres.
     Le 13 janvier 1902, la Loge sollicite de la Grande Loge de France un conférencier pour une conférence publique organisée par le Comité radical d’Aurillac.
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