L’affaire des fiches et ses conséquences pour la Loge
     Guyot de Villeneuve, député nationaliste de la Seine produit à la Chambre des députés, le 28octobre 1904, les documents volés au Grand Orient de France par Jean-Baptiste Bidegain, sous-chef du secrétatriats de cette obédience. A la même date le Figaro commence la   publication des documents volés fin 1902 au Ministère de la guerre.                     
     « L’affaire des fiches » éclatera au grand jour en Haute Auvergne en janvier 1905. Mais déjà dès le 1er décembre 1904 Lucien Baudel déclare au journal « Le Gaulois » qu’il n’avait pas « signé » la fiche du commandant Rollot du 139ème RI à Aurillac.
La Loge demande par lettre du 15 décembre 1904 s’il y a quelque chose de changer au sujet des militaires appartenant à la Franc-maçonnerie. Le 29 décembre le Grand Orient de France répond que les militaires de tous grades peuvent, sans manquer aucunement à la discipline et sans courir le risque d’être inquiétés pour ce motif, continuer à rester ou à devenir Franc-maçon.
     « Le journal du Cantal » qui s’est procuré les fiches d’officiers du 139èmè RI commence leur publication et, dans son numéro du 4 janvier 1905, son rédacteur en chef Maurice Conge, sous le titre « La délation à Aurillac », dans un article injurieux et diffamatoire, en attribua la paternité aux Frères Pélissier et Baudel. Ceux-ci décidèrent de poursuivre le journal devant le tribunal correctionnel d’Aurillac qui traita leur plainte le 11 février 1905 et condamna le journal à cent francs d’amende et quatre insertions dans la presse.
     « Le journal du Cantal » publie le 6 et le 7janvier deux lettres concernant la fiche du général Zimmer, ancien colonel du 139ème RI, datée du 9 octobre 1901 et signée T. La première émanant de Toresse père affirme sur l’honneur n’être l’auteur d’aucune fiche quelle qu’elle soit et qu’il a donné sa démission de la Loge le 1er juillet 1900, avant l’établissement de la fiche. La deuxième émane de Michel Toresse, conseiller municipal, qui affirme sur l’honneur n’être l’auteur d’aucune fiche et qu’il ne fait plus partie de la Loge d’Aurillac depuis une date bien antérieure à celle de la fiche en question.
     Cette violente campagne n’empêcha pas la réélection, le 24 janvier 1905 des Frères Baudel,Vénérable, Poulange et Mazeau, Premier et Second Surveillants, Léon Pélissier, Orateur, Pierre Gaillard, Secrétaire, Guillaume Andrieux, Garde des sceaux et du timbre, et Jean-Marie Chandon, Hospitalier.
     Le 16 février 1905 la Loge informe le Grand Orient de France que Les Frères Pélissier et Baudel, accusés par « Le journal du Cantal » d’avoir fourni à l’obédience des fiches de renseignement sur des officiers du 139ème RI, ont dû poursuivre ce journal en justice. Elle rappelle qu’elle a été et demeure fidèlement liée au Grand Orient de France à l’occasion des violentes attaques dont il est l’objet et se solidarise avec lui.
     Le Trésorier de « La Libre Pensée » adresse au Grand Orient de France un chèque de 215,25francs, montant de la cotisation de l’année 1905 et d’un arriéré de 1904. Le 10 janvier 1907, son Vénérable, le Frère Baudel écrit à l’obédience pour indiquer que la Loge traverse une période pénible : l’affaire des fiches a causé des frais et a entraîné un important absentéisme ; de plus la présentation de comptes fictifs par le Frère Trésorier et les détournements qu’il a fait viennent aggraver les difficulté de la Loge. Il conclut en disant que « C’est par des prodiges de prudence que nous maintenons quand même le bon renom et le prestige de la Loge. Nous mettre en sommeil réglementairement serait la fin de toute action et nos adversaires s’en serviraient tôt ou tard pour proclamer la mort de la Maçonnerie dans notre département... »
     L’avis de la Commission des affaires administratives, qui a examiné la situation de la Loge « La Libre Pensée » le 6 novembre 1907, rappelle qu’elle devait au Grand Orient de France la somme de 406,40francs, que, depuis 1905, elle n’avait fourni ni élection, ni tableau et ne s’était pas fait représenter aux deux derniers Convents, que les tentatives de régularisation proposées par le Frère Bardet, membre du Conseil de l’ordre, n’ont pas abouti, que dans ces conditions la Loge devrait être déclarée en état d’irrégularité par application des articles 194 et 195 du Règlement Général.
     Par lettre du 15 novembre 1907, le Grand Orient de France écrivait à la Loge « La Libre Pensée » pour lui faire connaître que suivant l’avis de la Commission des affaires administratives, le Conseil de l’Ordre, dans séance du 6 novembre 1907, a déclaré la Loge en état d’irrégularité par application des articles 194 et 195 du Règlement Général.
     Ainsi disparaissait du Cantal le seul atelier encore en activité.
La Loge "La Libre Pensée"
     Orient d'Aurillac
 
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