Le soutien des partis de l’ordre
Des options politiques s'étaient différenciées lors de l'élection présidentielle du 10 décembre 1848, une minorité appelant à voter pour le général Cavaignac et qui, avec pour organe le journal « La Constitution », s'efforcerait ensuite de dégager dans la lutte politique, mais sans aucun succès, un « tiers-parti ».
La Loge « Paix et Union » participe à la mise en place de plusieurs organisations soutenant le parti de « l’ordre »: d'abord, en mars 1848, l'association départementale des amis de l'ordre, de l'union et de la liberté, avec les deux Vénérables, Donjon-Bernachez et D’Arecq pour patronner la liste conservatrice à l’élection de l’assemblée constituante ; en mai 1849, le comité central du parti de l’ordre aux élections législatives, sous la présidence de Donjan-Bernachez ; en août une société d’assistance mutuelle et fraternelle pour la défense de l’ordre ; puis en vue de fédérer les initiatives locales, fin 1850 et début 1851, l’union anti-socialiste pour le maintien de l’ordre et l’amélioration des classes laborieuses appuyée par les encouragements préfectoraux.
La tendance conservatrice disposait, avec le « Mémorial de l’Allier », d’un organe de presse abondamment répandu grâce aux abonnements gratuits dont de riches notables assuraient la couverture financière et auquel participaient les Frères Barthélémy Costa, de Champfeu, Demerciéres, Donjan-Bernachez, Dubouys, Edouard Faye, de Jolivette et Jules Saulnier.
Des succès, lors d’élections complémentaires à l’assemblée nationale et au conseil général, viennent souligner l’influence de ce mouvement.
Si la Loge « Paix et Union » avait installé, à Moulins, la Loge « L’Humanité » et avait entretenu avec elle de bonnes relations dans les débuts, la situation de dissidents quittant l’une pour l’autre avait suscité quelque froideur. L’agression le 1er mai 1849 contre Ledru-Rolin, dans laquelle les démocrates dénoncèrent l’instigation de la Loge « Paix et Union », entraîna la rupture des relations entre les deux Loges.
Le coup d’état du 2 décembre 1851 était venu rassurer les hommes d’ordre et l’union anti-socialiste était devenu sans objet. Ceux qui avaient chercher refuge dans la Loge ne voyant plus d’intérêt d’y persévérer, se mettent à déserter les colonnes, soit en démissionnant, soit en ne versant plus les cotisations. Le nombre d’initiations se réduisait ; elles ne concernaient plus des noms à consonance aristocratique, mais révélaient l’arrivée des premiers enseignants : l’inspecteur primaire Lougnon, l’instituteur Bès de Bercq ; mais aussi le conseiller général et juge de paix Richard et le percepteur Sarrot de Saint-Pourçain-sur-Sioule. En 1853 La Loge avait perdu la moitié de son effectif qui ne comptait plus que 44 membres.
La répression qui suivit l’échec de la résistance à la violation de la Constitution a marqué trois générations bourbonnaises. Il a pu être reproché au Frère Papon-Lameigné d’avoir conduit l’instruction contre les démocrates avec un zèle implacable et à Donjan-Bernachez d’accueillir, sinon de susciter des notes de dénonciation destinées au procureur de la République ; est-ce pour cela qu’il fut fait chevalier de la légion d’honneur ?
Dans le courant de 1852 le renouvellement des assemblées élues, sous le signe de la candidature officielle, a permis de distribuer ça et là des satisfactions aux bien-pensants, dont ont bénéficié douze Frères de la Loge « Paix et Union », parmi lesquels Donjan-Bernachez. Un seul profondément déçu, Annet Arloing, du Canton de Cusset depuis l'origine élective du Conseil Général, et battu parce que l'Administration était demeurée neutre entre lui-même et son concurrent.