Après la tentative partiellement avortée des années 1831 à 1834, la Loge se reconstitue le 15 novembre 1848, avec l’avènement de la Seconde République. A l’exception de Joseph Bailly, premier Vénérable Maître en 1849, peu de frères de cette première loge montluçonnaise reprendront le chemin du travail maçonnique. Les Gabus résident à Besançon, la troupe de théâtre a repris ses pérégrinations, la famille Cizos se fixera d’ailleurs définitivement à Paris fin 1842. Beaucoup d’anciens, comme Jean Baptiste Aucouturier, Jacques Foussat, Jean Baptiste Jany, Jean François Moustous, sont décédés. Le Frère Pierre François Testelin est lui décédé en août 1849, on ne sait pas si, fin 1848, il avait adhéré de nouveau à la Loge. La présence à Montluçon en 1848 de Léger Tailhardat est certaine, celle de Jacques François Richard aussi puisqu’il y est décédé en 1850, ainsi que celle de François Favier en 1851, mais aucun élément n’indique une reprise éventuelle d’activité de leur part dans la Loge « Le Phénix » renaissante.
Cette renaissance comporte un mystère : celui de l’identité du Vénérable Maître de la loge en 1850 et 1851, qui apparaît sous la forme d’une signature sur la liste de janvier 1852 envoyée au Grand Orient de France. Selon l’hypothèse avancée par Georges Rougeron, cette signature serait celle d’Aimé Raymond Fournier, né le 15 juillet 1780 à Sarlat, et décédé à son domicile rue Sainte Marie à Montluçon le 31 décembre 1852. En fait la vérité est venue d’un acte où figure la signature de son fils, Achille Fournier, qui naquit le 26 octobre 1807 à Moulins, et décéda le 26 août 1872 en son domicile du Château Saint Jean à Montluçon. En 1851, il habitait encore rue Porte des Forges, avant d’hériter en 1852 du château Saint Jean. Il fut magistrat, juge auditeur à Moulins en 1830, substitut à Thiers en 1833, puis à Moulins en 1835, à Montluçon en 1837. En 1836, il aurait pu être initié par la Loge « Paix et Union » à l’Orient de Moulins, mais il ne figure pas dans les listes des membres connus de cette loge. Il fut nommé juge d’instruction en 1850, puis président du tribunal de première instance de Montluçon en 1859, officier d’académie. Il siégea au Conseil municipal de 1848 à 1870, et au Conseil Général de l’Allier de 1861 à sa mort. Il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1863. Il fut l’ami de Roch Fargin Fayolle, lui-même témoin sur l’acte de décès de son épouse Marie Cécile Touttée. L’attitude héroïque de ses deux fils en 1870 1871 face aux prussiens valut à sa famille l’autorisation de reprendre le nom de leur grand oncle, le général comte Fournier Sarlovèze. Ce nom de Sarlovèze fut ajouté par décret à celui de Fournier en 1874.
Sa propriété du château Saint Jean représentait environ 200 hectares à l’intersection des communes de Montluçon, Néri et Lavault Sainte Anne. Elle fut lotie en 1925 ; la nouvelle principale voie d’accès prit alors le nom d’avenue Fournier Sarlovèze, et l’ensemble fut rattaché à la commune de Montluçon.
La loge ne se réunissant plus après 1852, Achille Fournier s’est alors affilié à la Loge « Paix et Union » à Moulins. Cette loge de Moulins avait des liens étroits avec la Loge « Le Phénix » à l’époque, et cette dernière avait même contracté avec la première une affiliation particulière en tant que loge le 11 janvier 1850. La liste des membres connus de la loge a été établie en janvier 1852 soit à peine plus d’un mois après le coup d’État du 2 décembre 1851. Cette liste comporte 15 membres dont les noms sont inscrits sur une copie manuscrite du relevé des membres de la loge de 1852. En apparence, aucun républicain déclaré n’y figure. L’absence de ceux-ci, en particulier ceux qui étaient membres de la première loge de 1831, accrédite l’idée d’une « épuration » effectuée en 1851 par le courant bonapartiste.
A Moulins existaient deux loges à la même époque: la très aristocratique et bourgeoise « Paix et Union », composée de grands propriétaires à nom à particule, de magistrats, d’architectes, de banquiers, de négociants aisés et la Loge « L’Humanité », longtemps présidée par le député d’extrême gauche Antoine Félix Mathé. Cette dernière put accueillir ainsi tous les Francs-maçons républicains et certains francs-maçons de la région de Montluçon s’affilièrent donc à la Loge « L’Humanité » de Moulins, et tentèrent de créer une nouvelle loge à Commentry.
Il est vraiment dommage que la liste des membres des années 1849 ou 1850 n’ait pas été retrouvée. Il existe donc un mystère sur la composition réelle de la Loge en juin 1849.
De toute façon, le coup d’État du 2 décembre mit un terme à l’existence de la Loge courant 1852.
Il faudra attendre la consolidation de la République en 1879 pour voir la Franc-Maçonnerie revivre de façon durable à Montluçon avec l’allumage des feux de l’actuelle Loge « Union et Solidarité » en 1890.