FONDATION ET RECRUTEMENT DE LA LOGE SAINT-JULIEN
DE 1744 A 1793
S’il est permis d’avancer une hypothèse, on peut penser que c’est en raison de leur qualité d’Officiers au service du Roi, que les futurs Frères de « Saint-Julien » ont eu connaissance de la Maçonnerie et l’ont importée depuis Paris, Versailles ou autres garnisons dans la petite ville auvergnate dont ils étaient originaires.
Le 6 novembre 1744 fut signé, par les Officiers de la Grande Loge de France , le diplôme de Constitution de la Loge de Brioude dite de « Saint-Julien ».
La première Tenue eut lieu le 15 décembre 1744, dans la maison de la Commanderie de Saint-Jean, de l’ordre de Malte, à Brioude. En plus des Frères de Bressolles, Dulac et de Vichy, étaient présents les Frères Canilhac et Guibert. Ces cinq Frères sont les fondateurs de la Loge. Leur étaient adjoints, les Frères Guithon, garde-du-corps et de Planhol, gendarme de la garde, qualifiés tous deux « d’affiliés.
Le 15 janvier 1745, la Loge " Saint-Julien " augmente ses effectifs par la réception des " Apprentis " et " Compagnons " : « Devauzelle, de St-Gal, Comte, Brugier de Coussargues, Comte, de Sereix, Comte, de Montchal, Vicomte, de Mocaze, Marquis… ».
Sur six Frères reçus, trois sont des chanoines-comtes du Chapitre de Brioude : Brugier de Coussargues, de Saint-Gal et de Sereix.
La Loge s’ouvre en 1746 à trois nouveaux Frères. C’est d’abord l’écuyer François-Joseph du Cros-de-Chabannes, lieutenant-colonel au régiment des croates-cavalerie, puis le Frère Pierre-Hugon de Chardon des Roys, seigneur de Lanthenas, Lavialle et Chazotte, officiers de marine et enfin un ingénieur agrégé : Dijon, qui est le premier roturier admis dans le cercle aristocratique de « Saint-Julien ».
La Loge allait, en 1747, s’accroître de façon inattendue et irrégulière. Les Frères de «Saint-Julien» initient et admettent dans leur Temple quatre personnes du sexe : quatre dames de la noblesse, dont trois, d’ailleurs, étaient unies à des Frères de l’atelier : les «Sœurs de Bressolles, de Montchal, de Chardon des Roys et de Bouillé».
Après une interruption de quatre années, les réceptions reprennent en 1752. Mais il ne s’agit cette fois que de deux « Frères Servants » : le premier le Frère Vilade est qualifié de « Maître à Talent ». S’agirait-il d’un musicien ? Le deuxième, le Frère Tourte, est qualifié de «Servant».
Quatre années s’écoulent encore, sans nouvelle réception, mais en 1756, «Saint-Julien», compte sur ses colonnes trois nouvelles recrues capucines. Ce sont les Frères Anselme, Demontenard et Belamy. Si jusque-là les chanoines-comtes et les capucins avaient représenté l’Eglise au sein de la Loge, l’année 1758 voit ainsi s’agréger à « Saint-Julien », Dom Bouchet, bénédictin et prieur.
De nouveau, après avoir reçu ce renfort religieux, le recrutement s’arrête pendant huit ans, de 1758 à 1766. le recrutement reprend de façon timide avec deux membres du Tiers-État : le Frère Pissis, médecin et le Frère Bourleyre, chirurgien.
Plusieurs années passent encore, sans que l’Atelier s’enrichisse de nouvelles recrues.
Sommeil de la Loge
Il semble que la Loge ait été en sommeil dans la décennie 1760 à 1770. Le réveil est cependant confirmé par la délibération du 24 octobre 1771. Dans une lettre du 14 mai 1778 , adressée au G.O.D.F., le Secrétaire en exercice , après avoir rappelé que « Saint-Julien » était de toutes les Loges de la province, la plus ancienne, ajoute qu’elle « …a dormi pendant quelque temps tant par rapport à l’absence de partie de ses Frères que parce qu’il s’y était glissé, comme dans toutes les loges, de mauvais Frères qui avoient fait déserter les bons… »..
On peut donc en conclure que l’Atelier a été réveillé de son sommeil en 1770. Il continue son activité, puisqu’il reçoit en 1771 et en 1772, quelques profanes. Mais ce n’est qu’à partir de 1777-1778 que le réveil de « Saint-Julien » est définitif, pour ainsi dire, et se maintiendra jusqu’en 1793.
A partir de 1778, la période florissante de « Saint-Julien »
L'accroissement est vraisemblablement en relation avec la demande de reconstitution de l’Atelier que « Saint-Julien » dépose en cette même année auprès du Grand Orient, demande qui n’aboutira qu’en 1779, après deux années qui parurent fort longues aux Frères de « Saint-Julien ». Ainsi neuf nouveaux membres sont admis en 1778. Il s’agit des Frères :
La Bastide, qualifié d’écuyer et d’avocat ;
La Garde, prêtre, bachelier en théologie ;
Rochette, gendarme de la Reine ;
Dalbine, avocat au parlement ;
Loménie, gentilhomme gendarme de la Reine.
Montbrizet, président de l’Élection ;
Montboissier Beaufort de Canillac, capitaine des dragons ;
Gueffier de Longpré, curé de Saint-Jean ;
Chomette, médecin.
Deux avocats relaient en 1785 les militaires ; l'un s'appelle tout uniment «Grenier », mais le second est un Gueyffier de Longpré, qui n’omet pas d’ajouter qu’il est seigneur de Lespinasse.
Le recrutement bourgeois s’accentue en 1783, avec Couguet de Florat, dont la seule qualité est celle de bourgeois, avec Lecouturier, receveur du grenier à sel de Brioude et Savin de Jonvilliers qui, tout en étant écuyer, est surtout contrôleur général des fermes. Pour compenser, le marquis Ducros de Chabannes est aussi reçu la même année.
Un autre homme de finances, Vairon, greffier en chef de l’Election, est accueilli par « Saint-Julien » en 1784, en même temps qu’un Frère musicien, Servy. On reçoit encore en 1785, un chevalier Ducros de Chabannes, capitaine au régiment de Bourbonnais et un bourgeois, Guayte-fils.
Puis en 1791, à la suite, sans doute, des événements révolutionnaires, cinq postulants reçoivent la Lumière. Ce sont tous des bourgeois ou qui se veulent tels. Il s’agit de :
Montbrizet-Montfleury, médecin ;
Dauvergnat, bourgeois ;
Dupont-Sauvaniat, bourgeois ;
Dupont, homme de loi ;
Fournier-Latouraille, notaire.