L’ACTIVITE DE LA LOGE DE SAINT-JULIEN DE 1778 A 1780
Sont successivement examinés les cinq domaines suivants : les réceptions et promotions, la discipline, l’intendance, le local, les relations avec le GODF.
Réceptions et promotions
La plupart des Tenues comportaient des réceptions ou des promotions au grade de Compagnon ou à celui de Maître.
La première Tenue de 1778 a lieu le 1er janvier et comprend la réception de trois Frères. Pleine de zèle, la Loge se réunit de nouveau le lendemain 2 janvier 1778 pour initier deux Frères. Dès le 9 janvier 1778, les cinq Frères reçus les 1er et 2 janvier, sont élevés au grade de Compagnon.
- Le 7 février 1778, c’est au tour de Jean-François de Montbrizet de recevoir le grade d’Apprenti.
- Le 9 mars 1778, on élève au grade de Compagnon Jean-François de Montbrizet, et à celui de Maître La Bastide de La Garde, ainsi que le gendarme Rochette. Dès le lendemain 10 mars 1778, le Frère Boulanger préside et consacre Maîtres les Frères Dalbine et Loménie.
Au terme de la Tenue du 29 juin 1778, la Loge décide que lorsqu’il y aura des réceptions, les banquets se tiendront le soir et que les jours où il n’y en aura pas, ils se feront le matin. Très remarquable, en effet, est la mention qui termine tous les procès-verbaux ou presque : « …& de suite a été procédé à la Loge de banquet à la satisfaction de tous les frères… ».
Au rythme d’une Tenue par mois, les Frères se retrouvent encore le 13 juillet 1778 pour recevoir comme Apprenti et Compagnon, d’un seul coup, le médecin Chomette et le curé de Saint-Jean de Brioude, Gueyffier de Longpré.
Le paragraphe final est révélateur de l’état d’esprit qui préside au recrutement :
« …sur la présentation qui a été faite de certains profanes par des Frères de la Loge, a été unanimement délibéré qu’il ne serait plus présenté pour être admis aux mystères de la Maçonnerie, personne de l’état de marchand, ni de procureur, ni de notaire… enfin d’un état qui déroge… » ce qui voulait dire que pour être reçu Franc-Maçon à « Saint-Julien », il fallait pouvoir vivre noblement, et être soit de la noblesse d’épée soit de robe, soit d’Eglise.
C’est seulement le 2 mars 1779 que les Frères de Longpré, Chomette et de Reyrolles, accèdent à la Maîtrise.
La séance du 4 avril 1780, est presque toute entière occupée par la promotion du Frère Chassaing.
La Discipline
Au cours de la Tenue du 6 décembre 1779, fort soucieux de discipline, le Frère Secrétaire (Dalbine) fait remarquer que le Frère Massis a déjà manqué quatre assemblées, et qu’il s’est abstenu de répondre à une convocation contenant un avertissement. Dalbine rappelle qu’après trois absences non justifiées, les statuts de la Loge portent qu’il n’est plus adressé d’avertissement. On charge le Secrétaire d’écrire une dernière fois au Frère Massis, en précisant, toutefois, qu’il sera rayé du Tableau, s’il ne s’est pas présenté à la prochaine assemblée.
A la tenue suivante du 3 janvier 1780, on lit sur le procès verbal la signature du Frère Massis, désireux, évidemment, de ne pas être rayé du Tableau.
Le 16 mars 1779, on va procéder à la réception de deux Frères Servants et on décide que les Servants ne doivent jamais se présenter dans un état indécent, ni être pris de boisson.
Et à cette occasion les Frères délibèrent que tout membre qui se présenterait «dans un état indécent » paiera une amende de 24 livres et sera en cas de récidive, interdit de Loge pour une durée fixée par une délibération appropriée. La troisième récidive sera punie de l’exclusion perpétuelle de la Loge.
Peu à peu, aussi, se précise la discipline des Travaux, à laquelle doivent se plier les membres de « Saint-Julien ». Le 7 juin 1779 le Frère Orateur rappelle qu’en vertu du règlement de la Loge, tout retardataire est passible de vingt-quatre sols d’amende « …laquelle a de suite été prononcée contre les délinquants… ».
L’intendance et diverses questions
A l’occasion du service « pour le repos de l’âme du Frère Boulanger...» qui aura lieu le 13 mai 1778, « …il sera distribué une aumône à tous les pauvres qui s’y trouveront… ».
Mais l’Atelier charge de plus le Frère Belamy de faire faire une douzaine et demie de chaises, une table, ainsi que d’acheter « une douzaine & demie de verres … ».
Les Frères font connaissance dans leur séance du 23 juin 1778, avec les réalités financières. C’est le Frère Dalbine, Secrétaire, qui propose, en effet, de faire ce qu’il appelle « un fonds de Loge ». Il estime que chaque membre peut verser à ce fonds « douze livres ».
Les Frères présents s’empressèrent de remettre leur quote-part au Frère Pissis, trésorier, tandis que 96 livres sont avancées pour les frais de réception du Frère Beaufort de Canilhac, dont il est précisé que celui-ci en « demeure chargé ». Ce sont également trente livres qui sont prélevées à titre de "don gratuit" au Grand Orient, plus six livres pour les frais de reconstitution.
La Loge autorise, enfin, le Frère Pissis à recouvrer douze livres sur chacun des Frères absents : le prévôt du chapitre noble, de Saint-Gal, les Frères Bec Dubreuil, Bourleyre, Farreyre, de la Bastide et Dulac.
Pour la première fois, apparaît, dans le procès-verbal du 10 novembre 1778 une demande de secours présentée par le Frère Caillet. Les Loges de Clermont recommandent « deux Frères à talents qui ont eu le malheur d’être volés…». Cette requête est accueillie avec froideur, les Frères estiment être trop peu nombreux à cette tenue pour prendre une décision qui est renvoyée à la prochaine assemblée, d’autant que les Frères en question ont déjà été secourus par trois Loges de Clermont. Mais l’embarras des Frères est réel, car ils confessent encore que « s’il s’agit d’un besoin pressant, une somme proportionnelle aux facultés de la Loge » serait réunie.
Tenture de Loge
Le lundi 5 juillet 1779 les membres de « Saint-Julien », sont maintenant avides de se prononcer sur l'acquisition faite à Clermont le 22 juin 1779, d’une tenture de Loge, vendue au tiers de son prix coûtant, soit 412 livres.
Les Frères de Flageac, Dalbine et Delcher ont passé marché, au titre de la Loge, en leur nom. L’assemblée ratifie ce marché, mais comme la caisse trésorière est vide, les membres sont invités à cotiser de 24 livres par tête.
A la date fixée pour le règlement de l’achat il n’y a pas de fonds en Loge. A la tenue du 3 novembre 1779, Dalbine demande que huit Frères volontaires versent chacun cinquante livres qui leur seront remboursées au fur et à mesure que l’argent rentrera dans la caisse du Trésorier.
Le local de la Loge
Il est décidé à la réunion du 10 novembre 1778 de louer, pour y tenir les assemblées, la maison du Frère Dulac.
Aussitôt après l’ouverture de la séance du 8 décembre, le Trésorier expose le besoin urgent « d’un fonds de Loge » pour exécuter les réparations nécessaires et comme il ne disposait à cet effet que d’une somme insuffisante, alors que le montant des réparations est évalué à 120 livres, le Vénérable, sur représentation du Frère Expert, enjoint, appuyé par tous les Frères présents, aux membres redevables de s’acquitter de ce qu’ils doivent.
Mais c’est aussi ce 8 décembre qu’il est question, pour la première fois, de la maison du sieur Trioullier, que le secrétaire Dalbine juge utile d’affermer.
Enfin, le 12 décembre, la Loge délibère « que le Frère Dalbine était autorisé pour traiter avec luy » des conditions d’achat de la maison.
L’effectif maximum s’est élevé à une trentaine pendant les années 1783-1785. Cet effectif très moyen mais bien proportionné à la population d’une petite cité comme Brioude explique sans doute que les Frères brivadois n’hésitèrent pas au début de 1790 à faire l’acquisition définitive d’un immeuble digne d’abriter un temple. C’était une maison en partie ruinée, principalement en ce qui concernait la toiture. Qu’on en juge par la description de l’acte de vente du 8 janvier 1790 : « …une maison située en cette ville, quartier Bienveigne, composée de deux pièces dont l’une au rez-de-chaussée & l’autre au-dessus, sans escalier ; le tout en très mauvais état ; deux grosses poutres manquent au toit lequel, en outre a besoin d’être resuivi à taille ouverte, un petit jardin y contigu…. » L’acte précise ensuite que la maison appartenait bien au comte d’Auteroche et que le prix fixé à deux mille livres seulement fut payé comptant. Le nouveau temple de « Saint-Julien » était situé presque en face de la Sous-Préfecture, sise rue du 14-juillet, nom qui succéda à celui de Bienveigne.