ACTIVITES DANS LES ANNEES 1780 ET 1790
Une progression marquée des effectifs a lieu en 1782, avec vingt-sept noms et vingt-neuf en 1783. Le maximum est atteint en 1785 avec trente-et-un noms, mais l’effectif décroît avec vingt-trois en 1787.
Il semble qu’à l’approche de la Révolution, l’activité de « Saint-Julien » se soit un peu ralentie.
Si en 1793, « Saint-Julien », fonctionnait encore, au point d’initier un homme de loi : Pissis La Rochette, elle dut, très probablement, la prolongation de son activité, au-delà des années 1791-1792, au fait que les révolutionnaires modérés dominaient à Brioude. De plus l’éloignement de la capitale et l’isolement de leur ville dans une province reculée, où il n’y avait, du reste, aucune menace de contre-révolution, permit aux Frères de Brioude de tenir encore allumé, quoique faiblement, sans doute, le lumignon nécessaire pour éclairer leurs tenues.
LES RELATIONS AVEC LE GRAND ORIENT DE FRANCE A PARTIR DE 1778
Le recrutement et les promotions allaient à un bon rythme, mais en 1778, il y avait cinq ans que le Grand Orient existait et il désirait réunir sous son autorité les Maçons français. Les Frères de province n’étaient pas insensibles, il s’en faut, au prestige du nouveau Centre de l’Union.
C’est pourquoi, le 2 avril 1778, la Loge décide que « le Frère Caillet ferait les premiers placets et autres objets nécessaires pour demander au Grand Orient la rénovation des titres constitutifs de notre Respectable Loge Saint-Julien de la ville de Brioude, matrice & institutrice de toutes les Loges d’Auvergne… ». Et le 8 juin 1778, les Frères décident par une délibération de demander au Grand Orient le renouvellement de leur Constitution du 6 novembre 1744.
La question de la reconstitution de la Loge est encore évoquée au cours des réunions du 10 novembre 78, du 23 mars 1779, du 5 juillet 1779, du 2 août 1779, du 18 août 1779 et du 17 décembre 1779.
Le retard dans l’instruction de la demande de la Loge venait, peut-être, de sa prétention à être reconnue au titre de Loge Provinciale. En effet la Loge « Saint-Étienne » de Thiers, n’avait-elle pas, dans une requête adressée au Grand Orient en juin 1774, écrit :
« … Cette province renfermait en son sein huit Loges où régnoit une si grande intelligence, qu’elles ne faizoient qu’un seul & même Orient. La loge de « Saint-Julien de Brioude » dont les sept autres étoient filles composées de l’élite des trois états, avoit un soin scrupuleux de communiquer à tous les Orients particuliers, les réglements & les délibérations qu’elle recevoit du « Grand Orient »… Toutes ces Loges s’assembloient dans chaque Orient par députation au moins une fois chaqu’année & c’est alors que l’on traitoit toutes les affaires générales & particulières de la Maçonnerie… ».
On se doute que créé en 1773 le Grand Orient n’était nullement disposé à reconnaître à « Saint-Julien » de Brioude, le titre et les prérogatives d’une Grande Loge provinciale. Aussi dans le cadre de l’instruction de la demande de reconstitution de la Loge, le Frère Laurent, membre du Grand Orient, concluait le 28 octobre 1779 reconnaître parfaitement l’ancienneté de « Saint-Julien », et c’est pourquoi « …il paraissait juste que si le Grand Orient reconstituait cette Loge, il « confirmât en même temps son ancienneté, en relatant la date de ses «premières Constitutions… » .
Mais « …quant à la qualité de mère Loge qu’elle désirait conserver, je n’estime pas que le Grand Orient doive s’en occuper. L’établissement d’une Grande Loge provinciale & une seule ne peut s’attribuer le droit, au moyen de quoi, il n’y a pas lieu de statuer sur cet objet… ».
Le 21 janvier 1780 elle recevait les nouveaux mots de semestre ; et les lettres de reconstitution enfin reçues étaient présentées à la tenue du 15 février 1780. Il est décidé que les copies des Constitutions seront placées « dans les deux cadres dorés qui sont aux deux côtés du trône, celles de 1744 à la droite, celles de 1779 à la gauche ». C’est le 7 mars 1780, qu’a lieu l’installation solennelle de la Loge reconstituée.
Entre 1781 et 1789 les relations se tendent entre « Saint-Julien » et le Grand Orient. Une planche du 4 juin 1781 atteste qu’après de beaux débuts, «Saint-Julien » connaît une certaine désaffection de la part de plusieurs Frères. Sur vingt-sept Frères inscrits, seize seulement sont présents. Ainsi s’expliquent le refus de l’Atelier de concourir au projet d’Hospice pour enfants trouvés, que le Grand Orient désirait alors mettre sur pieds, et la décision de se limiter à verser un "don gratuit" de quarante-cinq livres pour contribuer au fonctionnement de l’Obédience.
Le 1er juillet 1782, c’est au même chiffre de quarante-cinq livres que se monte le « don gratuit »
L’année 1783 voit se détériorer les relations entre « Saint-Julien » et le Grand Orient. Une planche du 28 août 1783 annonce bien l’envoi du « don gratuit», toujours fixé à quarante-cinq livres, mais réclame aussi avec insistance, en échange l’envoi des États du Grand Orient.
Tout en expédiant son Tableau pour 1785, la Loge annonce qu’elle sursoit au versement du "don gratuit" au Grand Orient, car elle ne reçoit ni l’état de ses Travaux, ni l’état des Loges régulières du royaume. En juillet 1787 elle fait part de sa décision de réduire le « don gratuit » de quarante-cinq à vingt-quatre livres.